La filière porcine a «le cochon dans le maïs»
Surproduction européenne en 2007 ; flambée des prix des matières premières et du coût de l’aliment en 2008 ; crise économique générale qui réduit le pouvoir d’achat du consommateur et contrarie les exportations en 2009 : après trois années consécutives de crise, les éleveurs de porcs annoncent, aujourd’hui, qu’ils sont au bout du rouleau. Vice-président régional de la fédération porcine, président de la section porcine à la FDSEA du Gers, responsable syndical à la fédération nationale pendant 15 ans, Éric Ancellin, éleveur, naisseur et engraisseur de porcs, à Montégut, témoigne du mal être d’une profession.
Cette crise qui touche la filière porcine est-elle plus grave que les autres ?
Des crises on en a connu, mais là, nous sommes à un tournant : tous les clignotants sont au rouge. Nous vivons tous cachés derrière notre solitude de paysans qui avons fait l’histoire agricole de ce pays, mais peut-on accepter longtemps encore que l’on nous efface au nom du sacro saint libéralisme ? C’est ce système qui raye les éleveurs. Nous sommes la variable d’ajustement de l’ensemble de la filière. Un drame humain se profile.
Quelles sont vos pistes pour sortir de la crise ?
Nous avons demandé à ce que soit fixé un prix de base pour la zone de production du grand sud de la France, comme nous y a invité au début de l’année Jérôme Bédier, président de la fédération des entreprises de commerce et de la distribution. Un peu tôt pour connaître les conclusions d’une réunion qui a évoqué le problème, lundi, à Limoges. Nous souhaitons que l’observatoire créé par les pouvoirs publics pour surveiller les marges fonctionne mieux. Quant à la profession, elle doit se réveiller. 95 % de celle-ci fonctionne sous forme coopérative : les conseils d’administration doivent se faire entendre et ne pas laisser, non plus, les directeurs d’abattoirs faire nos prix.
Que pèse la production porcine dans le Gers ?
Elle a été divisée par quatre en 25 ans. En 1985, le Gers produisait 12 000 truies, il est monté à 13 000 en 1990. Je ne sais s’il reste, à ce jour, 3 000 truies ?
Le Gers est situé dans l’IGP «Bayonne». Deux tiers de notre production sont abattus à Lahontan (64) par le plus gros groupement de producteur du Sud-Ouest, la FIPSO. L’abattoir d’Auch est plus particulièrement spécialisé pour le porc fermier, dont le label veut qu’il soit terminé e plein-air.
Le chiffre : 1,50
euro >le kg. C’est le prix de revient de la production de porc dans notre région. Le prix du porc payé aux éleveurs est de 1,30 € le kg de carcasse. Le prix vendu aux consommateurs est de 12 € le kg. « Le prix payé au producteur a chuté de 26 %, alors que le prix de vente en rayon a augmenté de 25 % : le consommateur est autant concerné que les éleveurs ».
« 80 % de la viande de cochon est vendue en grandes surfaces. Ce sont les quatre grandes centrales d’achat nationales qui dictent leur loi. C’est là que le bât blesse : en terme de partage de la valeur ajoutée. » Éric Ancellin, vice-président régional de la fédération porcine.
Source: La dépêche.fr